La pauvreté au Luxembourg
La pauvreté est un phénomène à multiples facettes. Trop souvent, seul le volet monétaire est pris en compte.
La pauvreté et l’exclusion sociale naît cependant dans l’interface individu – environnement social, lieu d’émergence de problèmes sociaux qui peuvent se manifester simultanément et à plus ou moins long terme aux niveaux:
- biologique, (par ex. : handicap physique, maladie);
- psychique ( par ex. : maladies psychiques, déficience des compétences cognitives, comportement incompatible avec le rôle de l’individu, toxicomanies, …);
- socio-écologique (par ex. : nuisances dans le logement, sur le lieu de travail, manque d’infrastructure sanitaire et de formation);
- social et économique (par ex. : manque d’argent, de logement, de formation reconnue, chômage, problèmes relationnels, dépendances illégales) et;
- culturel (par ex. : ignorance des valeurs et normes sociales, méconnaissance d’une langue étrangère, analphabétisme, religion);
Si les personnes concernées ne disposent pas des ressources nécessaires pour atténuer ou résoudre seuls les problèmes existants et pour éviter de nouveaux problèmes le cercle vicieux de l’exclusion sociale commence et conduit à la pauvreté.
Il est évident que les conditions matérielles de vie jouent un rôle important dans la prévention de la pauvreté. Or, au Luxembourg, ces conditions ne sont pas assurées pour un nombre croissant de personnes.
13% de la population (donc plus de 65 000 personnes) se situe en-dessous du seuil de risque de pauvreté monétaire qui est de l’ordre de 1 424€ pour un individu et de 2 990 pour un couple avec deux enfants.
Par type de ménage, les plus menacés par le risque de pauvreté sont les individus appartenant à des familles monoparentales (32%) et aux ménages composés de 2 adultes et 3 enfants ou plus (21%).
Et, 17,6% ( !!) des enfants vivant au Luxembourg font partie de ménages se situant en-dessous de la ligne de pauvreté.
Connaissant la précarité de certains emplois, le risque croissant de devenir chômeur pendant une période de sa vie, la difficulté d’accès à un logement décent et les loyers exorbitants au Luxembourg, il est facilement imaginable que les moindres imprévus peuvent déséquilibrer durablement les budgets ménagers des personnes gravitant autour du seuil de risque de pauvreté.
12 000 saisies/cessions par an au Luxembourg témoignent de ce fait. Le glissement dans une situation de surendettement inextricable est souvent la suite inévitable. Que peut-on faire ?
Sachant que les personnes touchant le revenu minimum garanti et même celles gagnant le salaire social minimum (pour certaines compositions de ménage) se situent dès le départ en dessous du seuil de pauvreté, il faut épauler financièrement ces familles en attendant que la réforme des offices sociaux instaure, espérons-le, un droit à l’aide sociale.
Il faut également accompagner les individus et familles avec des problèmes financiers afin de les apprendre à mieux gérer leur argent et à les conseiller dans le redressement de leur situation financière et le remboursement de leurs dettes. Ceci est une des missions du Service d’Accompagnement Social de la Ligue médico-sociale (www.ligue.lu) qui vise à aider durablement les personnes à problèmes sociaux multiples par des projets d’accompagnement social individualisés, cela à moyen et long terme. Des actions ciblées dans les ménages avec enfants visent la réduction de la transmission intergénérationnelle des problèmes sociaux et des phénomènes de pauvreté.